Mathieu Bonilla - compositeur - musique écrite - électronique

Dissections de L'italien Mondino (une découverte plus que Christophe Colomb)

pour voix, accordéon et cymbalum - 12´


Création le 3/11/2017 au Festival Musiques démesurées de Clermont-Ferrand

Soprano : Angèle Chemin

Accordéon : Vincent Lhermet

Cymbalum : Françoise Rivalland


soutien de la DRAC Auvergne-Rhônes-Alpes, du Grame, de Clermont-Communauté


    Mondino de' Liuzzi est l'anatomiste qui réintroduit en Europe la pratique de la dissection délaissée depuis l'antiquité. Dépassant certains tabous, il renoue dès le début du XIV siècle avec ces investigations scientifiques et médicales.


    La pièce, Dissections de L'italien Mondino, n'est pas à proprement parler une découpe à vif mais une dissection symbolique de l'instrumentarium. Cette formation composée d'une voix de soprano, d'un accordéon et d'un cymbalum, évoque la musique populaire des pays de l'Est et s'associe à des histoires de sorcières, des contes issus d'un autre âge, un ensemble de stéréotypes appliqués à une vision mystérieuse et fantasmée de l'Europe de l'Est.


    En amont de la composition, la lecture du Caliban et la Sorcière (femmes, corps et accumulation primitive) de Silvia Federici m'a amené à interroger ces stéréotypes et à composer la pièce en prélevant et associant deux ouvrages. Le premier, La Sorcière de Jules Michelet, constitue la trame narrative et rend compte d'une mise en perspective historique de la chasse aux sorcières formulée par la langue puissante, sarcastique et métaphorique de l'auteur. Le second, un Schéma synoptique des oppositions pertinentes extrait de La domination masculine de Pierre Bourdieu, donne matière textuelle aux énumérations par ordre alphabétique inversé de la pièce et laisse place à la "violence symbolique" implicite aux mots énoncés.



    La musique oscille entre renforcement et mise à distance du texte, répétitions mécaniques et espaces sonores inquiets constitués de raclages et de fluctuations mouvantes au cymbalum, de voix intérieures incorporées et affleurantes par superpositions de registres à l'accordéon et une voix de soprano tiraillée entre lyrisme et sprechgesang, entre séduction, protestation, intériorité et asphyxie produites par la dynamique d'ensemble.




enregistrement : 

Soprano : Angèle Chemin

Accordéon : Vincent Lhermet

Cymbalum : Françoise Rivallant